vie professionnelle

Convention collective du cinéma : une nouvelle annexe III

Le Spiac, la CFDT et les syndicats de producteurs ont signé un nouvel accord régissant l’annexe III.

Il y a environ un an, un groupe de travail entre syndicats de producteurs et de salariés s’est mis en place en vue de la rené­go­cia­tion obligatoire de l’annexe III, celle-​ci arrivant à expiration en mars 2020. Le SNTPCT a refusé d’y participer. Le Spiac a accepté d’entrer dans la négociation, en vue d’améliorer cette annexe si elle devait être reconduite, sans s’engager à la signer à l’arrivée. De leur côté les producteurs voulaient une recon­duc­tion de l’annexe, et étaient prêts à certaines concessions pour l’obtenir, tout en menaçant de dénoncer la convention collective si aucun accord n’était trouvé.

En cours de route, des réa­li­sa­teurs de la SRF se sont syndiqués à la CFDT. Les discussions entre le Spiac et les producteurs se sont donc élargies à ce troisième acteur, avec sur certains sujets une alliance entre la CFDT et le Spiac, sur d’autres une alliance entre la CFDT et les producteurs (notamment sur les films à moins de 1 M€). Il était clair que la CFDT était favorable à la recon­duc­tion de l’annexe III.

Les asso­cia­tions pro­fes­sion­nelles ont été consultées par le Spiac tout au long du processus. Au vu des retours de leurs adhérents et de la faible mobi­li­sa­tion des techniciens sur le sujet, la grande majorité des asso­cia­tions pro­fes­sion­nelles a fini par se résigner à une recon­duc­tion de l’annexe III, et à la pro­lon­ga­tion de l’exception pour les films à moins de 1 M€ (avec un nouvel encadrement).

Les négo­cia­tions ont donc abouti à l’élaboration d’une nouvelle annexe, avec comme principaux changements :

  • une régle­men­ta­tion des films de fiction à moins de 1 M€ avec une part minimum (15 %) du budget du film consacrée aux salaires des techniciens ainsi qu’une obligation d’intéressement et donc de com­mu­ni­ca­tion des comptes ;
  • une aug­men­ta­tion de 5 points des salaires perçus hors inté­res­se­ment — le montant des salaires est égal au socle de 779,22 € augmenté de 35 % de la différence entre le salaire de référence (annexe I) et ce socle, c’est à dire : 779,22 + 35 % (SR − 779,22 €); au lieu de 30 % avec un socle de 750 € auparavant ; 
  • le calcul des heures sup­plé­men­taires a été modifié (il était imprécis dans la précédente annexe, donnant lieu à diverses inter­pré­ta­tions), ce qui représente une amé­lio­ra­tion conséquente pour les postes du tournage — mais ne changera pas grand chose pour nous, tant que nous ne demanderons pas nos heures sup­plé­men­taires… ;
  • une meilleure trans­pa­rence de la production : une réunion préalable de l’équipe sera désormais obligatoire, avec pré­sen­ta­tion du financement et du devis, afin d’examiner la nécessité ou non du recours à l’annexe III ;
  • une plus grande trans­pa­rence sur les comptes d’exploitation (remontée de toutes les recettes), déjà obligatoire de par la loi mais à laquelle viendra s’ajouter un système de consul­ta­tion des comptes par l’intermédiaire du CNC.

Certaines reven­di­ca­tion des salariés n’ont, elles, pas abouties :

  • le paiement du demi-​poste de cadreur pour le chef opérateur en l’absence de cadreur ;
  • la prime de repas pour les techniciens de la post­pro­duc­tion ;
  • un inté­res­se­ment basé sur les recettes brutes, qui aurait permis un retour sur inté­res­se­ment plus conséquent ;
  • un pourcentage maximum de films de fiction à moins de 1 M€.

Le 10 octobre dernier, une AG des membres du Spiac s’est tenue, afin de mettre aux votes le nouvel accord. Le oui l’a emporté.

Cet accord, conclu pour une durée de cinq ans sans clause de tacite recon­duc­tion, devrait s’appliquer dès son extension par le ministère du Travail, ou au plus tard à compter du 11 avril 2020.

Voici la nouvelle grille des salaires qui en résultera pour le montage :

salaire minimum heb­do­ma­daire*
Chef monteur 1 123,75 €
Chef monteur son 1 062,79 €
Premier assistant monteur 878,47 €
Deuxième assistant monteur 508,69 €

*Base 39 heures (35 heures + 4 heures sup­plé­men­taires)