À l’occasion du festival de Cannes, l’Association des artistes bruiteurs (ADAB), l’Association des mixeurs (ADM), l’Association française du son à l’image (AFSI) et Les Monteurs associés (LMA) publient un communiqué commun.
Des projections de rushes à Cannes ?
Plus de 100 films de long métrage seront projetés cette année à Cannes, toutes sélections confondues. 100 films, ce sont 100 cinéastes, mais aussi 100 monteurs, monteurs son, bruiteurs, mixeurs qui ont collaboré à leur réalisation.
Tout le monde s’accorde quand il s’agit de reconnaître l’importance du montage dans la fabrication d’un film. Et pourtant, en France, les monteurs et monteurs son sont les chefs de poste les moins bien rémunérés.
Tout le monde s’accorde pour reconnaître l’importance d’une bande son riche et de qualité. Et pourtant, le cinéma français délocalise 30 % de la postproduction son pour des raisons financières, précarisant de nombreux monteurs son, bruiteurs et mixeurs expérimentés.
Depuis plusieurs années les métiers de l’après-tournage demandent que soient prises en compte leurs revendications en ce qui concerne la définition de leur poste, leurs conditions de travail et leurs salaires. À la fois pour une simple raison d’équité par rapport aux métiers du tournage (heures supplémentaires trop rarement payées, indemnités repas), et pour que soit reconnue l’importance de leur travail (responsabilité et créativité) dans la fabrication d’un film, notamment au regard de l’évolution et de la complexité de leurs métiers.
Nos revendications portent également sur la question très grave des délocalisations de la postproduction son. Des solutions existent, elles dépendent d’une réelle volonté politique des pouvoirs publics, CNC et ministère de la Culture, mais aussi et surtout de l’engagement des producteurs.
Pourtant, pendant deux ans, malgré de nombreuses réunions, les syndicats de producteurs sont restés sourds et ont purement et simplement refusé de prendre en considération nos demandes justes et raisonnables, portées par nos organisations syndicales.
Il a donc fallu que les monteurs, monteurs son, bruiteurs et mixeurs se mettent en grève trois fois entre janvier et avril, pour que les syndicats de producteurs acceptent d’entendre nos revendications et fassent des propositions.
Ils ont ainsi accepté de reconnaître l’évidence du statut de cadre collaborateur de création pour les monteurs son, bruiteurs et mixeurs. Cet intitulé est indispensable pour tenter de préserver ces professions des délocalisations massives.
Pour autant nous avons constaté que leurs propositions salariales, qualifiées de « réponse ambitieuse et globale » par l’UPC, étaient soit mal ficelées car pouvant conduire dans certains cas à des baisses de salaires horaires, soit incomplètes, soit tellement éloignées de nos revendications qu’elles étaient de fait inacceptables.
Bien pire, lors de la dernière réunion, les trois syndicats de producteurs ont fait d’une seule voix des propositions salariales en net recul par rapport aux précédentes. Une sorte d’exploit, un summum de la provocation qui ne peut que renforcer la détermination des métiers de l’après- tournage à obtenir gain de cause.
C’est pourquoi la mobilisation va continuer. Des États généraux de l’après-tournage sont déjà en préparation pour la rentrée et dès le mois de mai des actions auront lieu pour faire entendre nos voix.
Nous saurons démontrer clairement aux producteurs qu’une fois le tournage fini, il n’y a pas de film produit ! Sans monteurs, monteurs son, bruiteurs et mixeurs, les films ne peuvent pas se faire. Lors du prochain festival de Cannes, la sélection française ne pourra-t-elle présenter que des centaines d’heures de rushes muets ?
L’Association des artistes bruiteurs (ADAB)
L’Association des mixeurs (ADM)
L’Association française du son à l’image (AFSI)
Les Monteurs associés (LMA)