Les Monteurs associés sont signataires de cette tribune collective initiée par l’ARP et publiée sur le site du « Monde » le 23 juin 2024.
A quoi sert la culture sous un régime démocratique ? A exprimer des points de vue différents, à l’infini, sur la nature humaine, sur notre monde, sur nos sociétés, sur la richesse des différentes identités et cultures, sur l’Autre pour mieux l’aimer et le connaître, pour dresser un pont entre soi et lui.
En démocratie, la pensée et la culture sont indépendantes, aucun courant politique, idéologique ne tentant de les canaliser.
En démocratie, la diversité et l’indépendance enrichissent le libre-arbitre et rendent passionnant le vivre-ensemble.
En démocratie, la culture voyage librement dans le passé et dans le présent pour mieux donner une possibilité d’avenir.
En démocratie, sont gagnants les citoyens, à qui cette culture foisonnante et diverse est proposée, mais aussi les créateurs, libres de traverser, sans barrières, tous les territoires de la création.
A quoi sert la culture sous un régime totalitaire ? A devenir un outil de propagande.
La culture est totalement absente des programmes de l’extrême-droite, pourtant elle est la première victime lors de leur arrivée au pouvoir. Les créateurs et les citoyens français imaginent ainsi très bien ce que serait la culture en France si l’extrême-droite obtenait la majorité. Pour ce faire, ils n’ont pas besoin d’aller bien loin. L’Italie et la Hongrie, jadis acteurs majeurs de la culture, ont donné l’exemple. Le voici :
Un service public audiovisuel démembré, amputé d’une grande partie de son fonctionnement, dirigé par des proches du parti au pouvoir, privatisé si possible au profit de grands groupes aux tendances aussi extrêmes.
Les directeurs des grands festivals ainsi que les responsables des théâtres nationaux sont remplacés par des nervis au service du pouvoir, obéissant à la ligne éditoriale du régime.
La liberté de la presse est placée sous surveillance. Les aides publiques, fortement diminuées, ne sont plus accordées qu’à des institutions culturelles mises au pas et à des œuvres inspirées du patrimoine, d’un passé purement ethnique, tournant le dos à la création originale, à la polémique et à la diversité.
Toutes les aides accordées aux évènements théâtraux, littéraires, musicaux, sont rabotées ou supprimées, décapitant ainsi la naissance de nouveaux talents et de nouveaux publics. Les secteurs culturels de ces pays deviennent moribonds, entrainant une catastrophe industrielle condamnant des milliers d’emplois.
L’extrême-droite française est dans la droite ligne des partis italiens et hongrois.
Nous savons déjà que le RN a exprimé publiquement son désir de supprimer, en le privatisant, le service public audiovisuel français, notamment Radio France et France télévisions. Seront ainsi supprimées les voix et les regards libres tournés vers la France et vers le monde des journalistes, cinéastes, auteurs de théâtre, compositeurs, chanteurs, chorégraphes et danseurs, auteurs littéraires, peintres, vidéastes, etc. En mettant l’INA (gardien de toutes les archives audiovisuelles du pays) au pas, on tentera de teindre d’une même couleur l’histoire de la France. Nous savons aussi que le RN souhaite supprimer ou amoindrir fortement le statut des intermittents du spectacle. Quel meilleur moyen pour affaiblir les voix dissonantes ?
Nous savons à quel point la culture française est reconnue dans le monde entier et sert de point d’ancrage, de dialogue et d’échange avec l’Europe et le reste du monde. Les créateurs du monde entier nous envient notre liberté d’expression et donnent en exemple la France de la culture, la France des Droits de l’Homme. Nous avons un devoir envers ces créateurs et envers les citoyens du monde entier. Nous sommes leur garantie d’espoir.
Nous appelons donc tous les acteurs et actrices de la culture, techniciennes, techniciens, créatrices, créateurs, éditrices, éditeurs, femmes et hommes qui gèrent des événements et structures culturels, mais aussi et surtout tous les citoyens et citoyennes qui soutiennent la culture et qui comprennent son importance dans l’éducation de nos enfants, de la jeunesse, à aller voter non seulement pour faire barrage à la haine de l’autre, mais aussi pour que la France des Lumières conserve un avenir.
ACID – Association du cinéma indépendant pour sa diffusion
ADAMI – Société civile pour l’administration des droits des artistes et musiciens interprètes
AFC – L’Association française des directrices et directeurs de la photographie cinématographique
AGrAF – Auteurs groupés de l’animation française
CGT CMN – CGT Centre des monuments nationaux
CGT Spectacle
Cinémas 93
CIP – Cinémas indépendants parisiens
Clair Obscur/Festival Travelling – Rennes
Commune Image
CST – Commission supérieure technique de l’image et du son
DCA – Association française de développement des centres d’art contemporain
De la suite dans les images
DIRE – Distributeurs indépendants réunions européens
EIFEIL – Fédération des éditeurs de musique indépendants en France
Enfances au Cinéma/Mon premier Festival
EURODOC – Le Conseil Européen des doctorants/chercheurs en début de carrière et jeunes docteurs
F3C CFDT – Fédération conseil, communication, culture CFDT
Femmes à la caméra
Festival Cinébanlieue
Festival Paris courts devant
GNCR – Groupement national des cinémas de recherche
Images en bibliothèques
L’ADP – Association des directrices et directeurs de production
L’Agence du court métrage
L’ARP – Société civile des auteurs-réalisateurs-producteurs
L’Union des chefs-opérateurs
La Boucle documentaire
La GAM – La Guilde des artistes de la musique
La Guilde française des scénaristes
La Maison de scénaristes/WeFilmGood
LabFilms
LDH – La Ligue des droits de l’Homme
LMA – Les Monteurs associés
LSA – Les Scriptes associés
Périphérie
SCA – Scénaristes de cinéma associés
SDI – Syndicat des distributeurs indépendants
SFA-CGT – Syndicat français des artistes interprètes CGT
SNJ-CGT – Syndicat national des journalistes CGT
SNME CFDT – Syndicat national des médias et de l’écrit CFDT
SNSP – Syndicat national des scènes publiques
SNTPCT – Syndicat national des techniciens et travailleurs de la production cinématographique et de télévision
SRF – Société des réalisatrices et réalisateurs de films
SYNAVI – Syndicat national des arts vivants
Syndicat APRES – Attaché·e·s de presse, réseau d’entraide et syndicat
U2R – Union des réalisatrices et réalisateurs
UPC – Union des producteurs de cinéma