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Lettre ouverte aux syndicats de salariés et d’employeurs de la convention collective nationale de la production audio­vi­suelle

Paris, le 22 avril 2024

Nous, asso­cia­tions pro­fes­sion­nelles signataires, repré­sen­tons les salariés de la production audio­vi­suelle qui conçoivent et fabriquent les programmes. À ce titre nous tenions à revenir sur le mouvement social multiforme qui a pu surprendre certains d’entre vous à la fin de l’année 2023.

Comme lors de tout conflit social, se cachent derrière les reven­di­ca­tions salariales d’autres pro­blé­ma­tiques qui ne sont pas directement exprimées ou reven­di­quées.

Non seulement la signature de l’avenant numéro 17 à la CCNPAV n’a que très par­tiel­le­ment répondu aux attentes de reva­lo­ri­sa­tions salariales mais celles-​ci ont été condi­tion­nées à un mor­cel­le­ment de la convention qui ne faisait pas partie des reven­di­ca­tions des salariés. Quant à la situation en partie responsable de ce mouvement social, elle n’a pas été évaluée comme elle aurait dû l’être.

Aujourd’hui les équipes sont démotivées, fatiguées, parfois épuisées et se sentent de plus en plus déva­lo­ri­sées.

À la pression économique croissante pour fabriquer à moindre coût et le plus rapidement possible s’est ajoutée la numé­ri­sa­tion complète de la chaîne de fabrication qui est devenue très désor­ga­ni­sée.

La désor­ga­ni­sa­tion a désormais contaminé la préparation des projets qui s’en trouve réduite voire expédiée.

Jusqu’à présent, dans le souci de maintenir tant bien que mal un niveau de qualité technique et artistique des programmes, films et séries, les équipes de production et de post­pro­duc­tion ont toujours pris sur elles pour compenser cette pression et cette désor­ga­ni­sa­tion, y compris en assumant des décisions contre-​productives voire aberrantes dans le pire des cas.

Mais aujourd’hui les consé­quences se font directement sentir sur les salariés eux-​mêmes.

On parle ici d’amplitude horaire qui empiète largement sur la vie personnelle, de fatigue physique croissante, de charge mentale permanente, jusqu’au burn-​out pour les cas les plus graves.

Nous sommes désormais arrivés à un point de rupture qui rend cette situation insup­por­table.

À cette pression et ce stress qui trans­forment notre travail et le rendent de plus en plus pénible et de moins en moins valorisant, s’ajoute un recours, dans certains cas de façon récurrente, au non respect des règles du droit.

Par la présente nous souhaitons donc attirer votre attention sur l’incompréhension croissante entre les équipes et les productions face à la dégradation continue et inquiétante de nos conditions de travail.

Est-​ce aux salariés de compenser les problèmes de déve­lop­pe­ment et de financement alors que cette res­pon­sa­bi­lité incombe aux producteurs ?

Dans ce contexte, il serait illusoire de croire que l’accord du 19 janvier 2024 ait pu apporter la moindre réponse à ces légitimes inquiétudes.

Il est temps que la cécité, volontaire ou non, sur ce que nous vivons, cesse.

Veuillez croire à nos salutations les plus res­pec­tueuses.


ACFDA | Association des chargés de figuration et de dis­tri­bu­tion artistique
ADIT | Association française des DIT
AFAP | Association française des acces­soi­ristes de plateau
AFCCA | Association française des costumiers du cinéma et de l’audiovisuel
AFC | Association française des directeurs et directrices de la pho­to­gra­phie ciné­ma­to­gra­phique
AFCS | Association française des cadreuses et cadreurs steadicam
AFR | Association française des régisseurs du cinéma et de l’audiovisuel
AFSI | Association française du son à l’image
AMC | Association des maquilleuses et maquilleurs de cinéma
AOA | Assistants opérateurs associés
ASAP&CO | Association des secrétaires, assistant·e·s de production et coordinateur·rice·s
LMA | Les Monteurs associés
LSA | Les Scriptes associés
SHADE | Association des étalonneur·euse·s
L’Union | L’Union des chefs opérateurs

[Mise à jour le 27/​04/​2024 avec l’ajout de l’AFC parmi les signataires.]