En tant que salariés intermittents, nous sommes fragilisés par la discontinuité de nos emplois, et donc totalement concernés par l’ensemble des droits sociaux.
Les Monteurs associés ont déjà pris position et mené des actions pour la défense des annexes 8 & 10 du régime général de l’assurance chômage qui règlementent nos droits à l’indemnisation, essentiels pour se maintenir dans nos métiers. Tout récemment nous avons largement contribué à la revalorisation des salaires de la branche montage de la convention collective du cinéma.
Le conseil d’administration est favorable à ce que notre association exprime son opposition à la réforme des retraites engagée par le gouvernement. Au-delà de la solidarité qui nous lie aux autres salariés, il est nécessaire que chacun, chacune, sache à quel point le projet de réforme des retraites voulue par le gouvernement aura des conséquences graves voire désastreuses pour nous.
Voici quelques explications et éléments de réflexion.
Sous couvert d’universalité et de justice sociale, la réforme des retraites est dans son principe même le ferment d’inégalités délétères. C’est aussi la transformation de la solidarité intergénérationnelle en atomisation individuelle, basée sur la capitalisation de points, à la valeur incertaine.
Pour les carrières comme les nôtres qui connaissent l’alternance de périodes de travail et de chômage, le changement va être radical.
Le système actuel, pour la retraite de base (sécurité sociale), est fondé sur l’obtention de trimestres (dont le nombre va en augmentant au gré des réformes successives et atteint 172 trimestres pour la génération née en 1973). Pour acquérir un trimestre, il faut au moins 150 heures en période de travail (plus précisément l’équivalent de 150 heures au Smic soit 1522,50 €) ou 50 jours de chômage.
Avec la réforme, plus de trimestres. Un nombre de points proportionnel aux cotisations sera attribué pour les périodes chômées comme pour les périodes travaillées. Les indemnisations chômage étant par nature inférieures aux salaires, il ne faut pas être grand clerc pour comprendre que ces périodes vont faire baisser le nombre de points acquis. Alors que dans le système actuel, le calcul de la retraite sur les 25 meilleures années neutralise les périodes de chômage, la prise en compte de toute la carrière va faire baisser les pensions. Inéluctablement.
À cela, il faut ajouter que notre régime d’assurance chômage spécifique a jusqu’à présent été épargné par la réforme du régime général qui, elle, s’applique depuis le 1er novembre et connaîtra son plein effet au 1er avril. Cette réforme va être violente, elle restreint les conditions d’accès aux indemnités et les fait baisser, surtout pour ceux dont l’emploi est discontinu. Il s’agit d’économiser plus de 4,5 milliards d’euros sur le dos des chômeurs.
Nous ne sommes pas concernés, mais n’oublions pas que nous faisons partie de ce même régime interprofessionnel auquel tous les salariés cotisent. Nous en sommes solidaires, au sens premier du terme.
Nous ne sommes évidemment pas à l’abri d’une prochaine réforme qui alignerait nos annexes sur les conditions moins-disantes du régime général, au nom de la justice et de l’universalité… Nous connaissons la chanson : intermittents du spectacle = privilégiés.
Le conseil d’administration