Les Monteurs associés soutiennent le collectif des coloristes et l’association SHADE dans leur demande d’inscrire les fonctions d’étalonneurs, étalonneurs de rushes et assistant étalonneurs dans la convention collective nationale de la production cinématographique (CCNPC).
En tant que chefs monteurs et assistants nous constatons que les évolutions techniques (tournages RAW et LUT bas contraste) produisent des images qui nécessitent un étalonnage avant montage pour refléter a minima les intentions du directeur de la photographie et répondre aux attentes des producteurs et diffuseurs de voir des copies de travail pré-étalonnées. Aussi le poste d’étalonneurs de rushes est devenu une réalité et une nécessité.
D’une manière générale, il est indispensable que la CCNPC prenne en compte l’évolution des métiers et compétences mises en jeu dans la fabrication des œuvres et établisse des définitions de postes assorties de minima salariaux cohérents.
Ci-dessous le communiqué du collectif des coloristes et de SHADE :
« Depuis l’avènement du numérique il y a une vingtaine d’années, les métiers de l’étalonnage ne sont toujours pas reconnus au sein de la convention collective de la production cinématographique et publicitaire. Cette absence de reconnaissance engendre des difficultés majeures, notamment en termes d’intégration et de valorisation de nos métiers dans la chaîne de fabrication des films. À ce jour, nous sommes déclarés sous des intitulés tels que monteur, assistant opérateur ou d’autres fonctions qui ne correspondent en rien à nos responsabilités. Cette situation ubuesque illustre parfaitement le désintérêt des producteurs pour nos professions dans la branche de l’étalonnage.
En 2023, plus de 150 étalonneurs, réunis en collectif et en association, ont sollicité le SPIAC-CGT et le SNTPCT pour actualiser les conventions collectives de l’audiovisuel, du cinéma, de la publicité et de la prestation technique. Nous avons œuvré à définir précisément les fonctions manquantes de notre branche d’étalonnage et demandons l’intégration des postes d’étalonneur, d’étalonneur de rushes et d’assistant étalonneur (également appelé conformateur) dans la convention collective de la production cinématographique et publicitaire. Par ailleurs, nous avons proposé une grille tarifaire en adéquation avec les réalités technologiques et économiques actuelles.
Malgré des échanges initiaux constructifs avec les syndicats de producteurs de cinéma, les négociations se trouvent actuellement dans une impasse. Après un an de discussions, ces syndicats nous ont informés qu’ils n’avaient pas obtenu mandat pour intégrer le poste d’étalonneur de rushes dans la convention collective du cinéma et de la publicité, sous prétexte que celui-ci travaille en laboratoire. Une justification absurde, sachant que, depuis des années, ce technicien assure cette tâche indispensable en étalonnant les rushes des longs métrages. Ce poste, pourtant essentiel à l’industrie cinématographique, demeure exclu de la convention collective.
D’autre part, les minimas sociaux de toutes les fonctions de la branche étalonnage proposés par les syndicats des producteurs sont très en deçà de ceux pratiqués actuellement et recommandés par les directeurs de production eux-mêmes.
Cette situation reflète une méconnaissance de nos métiers par les syndicats de producteurs, ainsi qu’un manque de reconnaissance de l’importance des fonctions de la branche d’étalonnage. Dans une industrie où les projets gagnent en complexité et où les exigences de l’étalonnage sont devenues cruciales avec l’essor des plateformes, il est impératif de faire évoluer ces perceptions. (…)
L’étalonnage de rushes est une étape essentielle pour un montage cohérent et précis, autant que la conformation et l’étalonnage sont des étapes incontournables dans la finalisation des images d’un film, et cela doit enfin se traduire par une reconnaissance réelle et tangible de la part des producteurs. »