Dès 2019 Les Monteurs associés alertaient sur le décrochage entre la grille des salaires de l’audiovisuel et le coût de la vie.
En prenant comme point de départ l’année 2007 (année où la courbe des salaires de l’audiovisuel suivait encore celle de l’inflation) cet écart dépasse aujourd’hui les 20 %.
Dit autrement, nos salaires ont perdu 20 % entre 2007 et 2023.
À titre d’exemple, pour retrouver son niveau de 2007, le salaire brut de chef monteur spécialisé devrait être de 1 637 € (contre 1 364 € aujourd’hui), celui d’assistant monteur (non spécialisé) devrait être de 910 € (contre 758 € aujourd’hui).
Alors que chaque année une négociation annuelle obligatoire doit permettre de réviser la grille des salaires, entre 2010 et 2022 il n’y a eu pratiquement aucune augmentation (1 % en 2012 puis 0,5 % en 2016 et 2017).
Aussi, en 2021, les syndicats de salariés exigeaient une demande de revalorisation conséquente (que les Monteurs associés soutenaient) auprès des syndicats d’employeurs, demande qu’ils ont réitérée à intervalles réguliers depuis.
En 2023 les employeurs ont concédé une revalorisation dérisoire de 2,5 % pour les salaires supérieurs à 1 000 € brut/semaine de 35 heures (3,5 % en dessous).
Suite aux assemblées générales de salariés des 20 et 27 septembre dernier qui ont rassemblé de nombreux salariés, le Spiac-CGT et le SNTPCT ont adressé le 3 octobre chacun un courrier aux syndicats d’employeurs pour demander la réouverture d’une négociation salariale sous 10 jours.
Ces courriers étant restés sans réponse (seul le SPI s’est manifesté en indiquant qu’il ne pouvait pas étudier la demande avant le 19 octobre), il a été décidé lors de l’AG du 17 octobre de recenser les tournages en cours et de lancer des consultations sur les plateaux et lieux de travail auprès des salariés. Ceux-ci doivent se prononcer par vote sur le principe d’un appel à la grève pour une revalorisation des salaires de 20 %.
À l’issue de cette consultation qui prendra fin le 2 novembre, en fonction du recensement et des résultats des votes, des journées de grèves seront décidées.
Nous vous invitons à vous mobiliser dans cette éventualité et à diffuser l’information auprès de vos collègues.
Lors de la journée de mobilisation interprofessionnelle sur les salaires du 13 octobre une douzaine de tournage ont organisé une journée de grève ou un débrayage.
À ce dossier s’ajoute celui de la négociation d’une nouvelle convention d’assurance chômage pour la période 2023/2026. Le gouvernement a transmis le 1er août aux partenaires sociaux une lettre de cadrage, qui concerne l’ensemble des salariés, fixant comme priorité le désendettement de l’Unédic tout en annonçant des ponctions dans ses excédents pour financer France travail (appelé à remplacer Pôle emploi). La négociation, démarrée le 22 septembre, doit se clore le 15 novembre.
Concernant la négociation spécifique des annexes 8 et 10, le document de cadrage transmis aux organisations d’employeurs et de salariés de notre secteur fixe comme objectif une réduction de 15 % du ratio entre dépenses et recettes. Cette réduction se base sur la trajectoire financière de l’assurance chômage prévue par l’Unédic pour la période 2023/2026. Dans ces prévisions, des dépenses contenues et une hausse significative des recettes amènent à un ratio dépenses/recettes diminué de 15 % à l’horizon 2026. Autrement dit, on demande au régime des intermittents de réaliser dans le même temps 15 % d’économies, alors que l’assurance chômage dans son ensemble voit sa situation s’améliorer !
Autant dire que si cet objectif nous était imposé, nos droits aux allocations chômage seraient menacés.
Là aussi nous vous invitons à être vigilants sur cette négociation.
[Article mis à jour le 5/11/2023 : après ajout en lien d’un graphique représentant l’évolution du pouvoir d’achat entre 2007 et 2023 ; les suites de l’AG du 17 octobre et reformulation d’un paragraphe sur l’assurance chômage pour mieux expliciter l’objectif de la lettre de cadrage destinée aux annexes.]