Pour les producteurs de films, il y a deux catégories de techniciens : ceux qui travaillent pendant le tournage, et puis… tous les autres ! Voilà des années que ces deux catégories ne sont pas traitées sur un pied d’égalité.
Un exemple ? Les uns mangent, les autres pas… si ce n’est à leurs frais !
Les scènes de repas ont enchanté bien des films, nous en avons monté, sonorisé, mixé, et pourtant quand vient l’heure de déjeuner pour nous, techniciens de l’après-tournage, les producteurs se défilent et jouent la Poudre d’escampette. La cantine se fait la malle sitôt le dernier plan dans la boîte. Nous ne demandons pourtant pas la Grande bouffe, mais nous ne nous attendions pas à nous voir opposer la Loi du marché… Nous dépendons toujours du bon vouloir du producteur ou de la productrice et le sempiternel « au cas par cas » s’applique aussi à nos en-cas.
On nous a affirmé que le prix de nos repas mettrait en danger de fragiles équilibres financiers. Comment qualifier cette attitude, sinon de Ridicule ? Lorsqu’on évoque le Mépris, vous nous dites économie, économies.
L’indemnité repas est une des cases manquantes de notre bulletin de salaire, elle y côtoie d’autres fantômes qui ont pour nom « indemnité de transport » ou « heures supplémentaires ». Des oublis qui sont symptomatiques d’une discrimination solidement établie, celle des salaires, eux aussi sans rapport avec ceux du tournage au regard de nos responsabilités. Nous ne pouvons vraiment pas dire Merci patron !
Chères productrices, chers producteurs, soyez sérieux, redonnez au mot dialogue un vrai sens quand il est accolé à social. Cessez d’habiter le Pays des sourds à moins de devoir bientôt projeter en salle des rushes non synchronisés !
PS : Toute analogie qui pourrait être faite entre ces lignes et les agapes festivalières de la Croisette, de Cannes et de ses environs est involontaire et fortuite.
Les Monteurs associés, avec le soutien de l’ ADAB (Association des artistes bruiteurs), de l’ADM (Association des mixeurs), et de l’AFSI, Association française du son à l’image)