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Pérennisons et développons un audiovisuel public fort

Les Monteurs associés sont signataires de cette tribune parue dans « les Échos » le 11 septembre 2023, aux côtés d’organisations syndicales et pro­fes­sion­nelles, de société d’auteurs et d’associations de l’audiovisuel et du cinéma. 


Nos orga­ni­sa­tions regroupent des salariés travaillant directement ou indi­rec­te­ment pour les entreprises de l’audiovisuel public, des autrices et auteurs, des jour­na­listes, des réa­li­sa­trices et réa­li­sa­teurs, des entreprises de création, de production et de diffusion d’œuvres ciné­ma­to­gra­phiques et audio­vi­suelles.

Depuis plus de dix-​huit mois, nous avons alerté, mobilisé, proposé et argumenté pour décrire les dangers d’une désta­bi­li­sa­tion de l’audiovisuel public, à commencer par la suppression de son mode de financement.

Nous avons démontré la nécessité de conforter l’audiovisuel public, dont l’indépendance de financement par une ressource affectée constitue la meilleure base de l’indépendance éditoriale, pour assumer ses missions : informer, éduquer, divertir.

Nous avons fait des pro­po­si­tions construc­tives pour adapter la contri­bu­tion à l’audiovisuel public aux nouveaux usages et la moderniser. Le législateur n’en a pas tenu compte.

Nous avons montré que les entreprises de l’audiovisuel public, France télévisions, Radio France, l’INA, France médias monde, TV5 monde, Arte, dont les audiences n’ont jamais été aussi bonnes, jouent un rôle essentiel de soutien à l’investigation, au pluralisme des idées, à la création et à la diffusion du cinéma, de la fiction, du docu­men­taire, du film d’animation, du spectacle vivant, du diver­tis­se­ment et de la musique. 

Que faut-​il démontrer de plus sur l’utilité indéniable du service public ? Les assertions « rassurantes » lors des débats par­le­men­taires de l’été 2022 se sont-​elles déjà évaporées dans la chaleur de l’été 2023 ?

Toutes nos orga­ni­sa­tions vont dans le même sens, celui de la nécessité d’une ressource affectée, pérenne et dynamique assurant l’indépendance éditoriale des médias publics sans dépendre de décisions annuelles faisant courir en permanence un risque de désta­bi­li­sa­tion et de fra­gi­li­sa­tion. Son financement ne peut provenir directement du budget général de l’Etat.

En Europe, les pays qui ont conforté le financement par une ressource affectée ont aussi conforté leurs services publics audiovisuel. A contrario, pour ceux qui ont fait le choix de la bud­gé­ti­sa­tion, le délitement est arrivé rapidement, avec le train des économies et parfois des attaques contre l’indépendance et la liberté, portées par l’extrême droite quand elle est au pouvoir. Ce qui reste pleinement d’actualité en France.

Aujourd’hui, au-​delà de nos différences, nous refusons que l’audiovisuel public continue d’être maintenu dans une incertitude financière très pré­ju­di­ciable à son fonc­tion­ne­ment, ses inves­tis­se­ments et son avenir, dans un contexte de recom­po­si­tion complexe du secteur et de concurrence inter­na­tio­nale nouvelle sur le marché français.

L’audiovisuel public a besoin de visibilité et de moyens pérennes et dynamiques pour faire face aux enjeux majeurs de notre temps, répondre aux besoins des citoyens et assurer son indé­pen­dance.

L’audiovisuel public a besoin d’une trajectoire financière plu­ri­an­nuelle solide et à la hauteur de l’ambition que nous voulons pour assurer les missions de service public, conforter et de développer les œuvres et les programmes que nous concevons, fabriquons et diffusons pour et sur nos services publics et affirmer notre culture audio­vi­suelle.

L’audiovisuel public a besoin de moyens pour renforcer le nécessaire débat démo­cra­tique sur ses antennes, assurer son déve­lop­pe­ment sur le numérique et permettre de répondre aux enjeux de diversité culturelle, d’information et de lutte prioritaire contre la dés­in­for­ma­tion de masse. 

Première urgence : les arbitrages budgétaires imminents pour le projet de loi de finance 2024 et les contrats d’objectifs et de moyens 2024/​2028 doivent pérenniser et renforcer les budgets des entreprises de l’audiovisuel public. Sans une décision politique forte, c’est toute la filière audio­vi­suelle qui s’en trouverait affaiblie. 

Signataires : ADAMI, AnimFrance, AGRAF, ARP, CFDT, CFE-​CGC, CGT spectacle, DIRE, FO, FO médias, La Boucle docu­men­taire, Le BAAR, LMA, SACD, SATEV, SCA, SCAM, SCFP, SNAC, SNAJ-​CFTC, SNJ, SNJ CGT, SPECT, SPI, SRF, SUD medias télévision, SUD Radio France, UNDIA, UNSA spectacle et com­mu­ni­ca­tion, USPAU2R