La septième édition de l’IFEF (International Film Editors Forum, Forum international des monteurs) s’est tenue à Cologne le 12 octobre dernier avec pour thématique cette année : « Le rôle et la valeur du monteur dans le processus de production ».
Vingt-huit monteurs ont pris part à l’événement, représentant 17 pays : l’Allemagne, l’Argentine, l’Australie, l’Autriche, la Belgique, le Brésil, la Croatie, l’Espagne, la Finlande, la France, la Hongrie, l’Iran, l’Italie, la République Tchèque, la Roumanie, le Sri-Lanka et la Suisse.
Il a été constaté que nos métiers (chef ou assistant) ont beaucoup évolué en 10 ans notamment avec l’arrivée des plateformes dans le paysage de la production et de la diffusion.
Par ailleurs, le taux d’emploi baisse dans certains pays, suite à l’éclatement de la bulle du streaming. Le rythme des changements dans l’ensemble de l’industrie, ainsi que la montée en puissance de l’IA (Intelligence artificielle) ont donc rendu urgent la réflexion sur les virages à prendre et la valorisation de nos métiers. Le marché ne reviendra pas en arrière !
Les quatre questions principales abordées lors des tables rondes étaient les suivantes :
- De quelle manière notre profession a évolué au cours des 12 derniers mois, à la fois sur un plan individuel et à l’échelle de notre pays ?
- Quelles compétences sont nécessaires à un monteur, qui le rendent essentiel au processus créatif d’un film dans un monde qui change très vite ?
- Comment pouvons-nous développer et redéfinir le rôle du monteur afin de protéger et de faire évoluer la profession ?
- Que gardons-nous en mémoire de ces échanges, et comment le transmettre aux décideurs ?
Voici une sélection non exhaustive des réponses ou pistes de réponses qui ont été retenues par les différents monteurs-modérateurs :
« Il faut continuer à bâtir des communautés, ne pas rester seul que ce soit à titre individuel ou à l’échelle de nos pays. »
« Il est primordial de s’intéresser à la politique. Les choix de nos employeurs sont directement liés à ceux que prennent les décideurs politiques. Il faut s’intéresser et comprendre le marché si l’on veut espérer ne pas le subir. »
« Il faut obtenir la transparence des budgets et connaître la part allouée à la postproduction sur les films que nous montons. »
« Pour les films sous-financés, nous pourrions demander des bonus par contrat et avant tout projet, en cas de sélection du film en festival. »
« Nous aurions besoin d’un recueil de recommandations pour négocier nos contrats, nos salaires et les conditions de montage (durée, équipe, etc.). » (A ce sujet, nous avons pu constater encore une fois que notre Livre blanc de la postproduction cinéma continue d’inspirer — et d’aider ! — nos collègues en dehors de France !)
« Nos réalisateurs sont aussi des partenaires dans cette négociation et peuvent nous aider à demander plus de temps de montage. »
« Nous avons davantage de responsabilités que par le passé, liées à l’inflation de la quantité de rushes, et l’évolution de nos outils qui sont de plus en plus élaborés. Nos salaires devraient en tenir compte. »
« Nous devons rester en avance sur la technologie et nous former, développer nos compétences et nos connaissances en matière d’IA. A minima, il nous faut prendre conscience des problèmes et des solutions qu’amènent les nouveaux outils. Ne pas en avoir peur pour pouvoir en tirer parti. »
« Nous devons être visibles en tant que professionnels de la création cinématographique, et augmenter cette visibilité. Il est important de promouvoir notre profession lors des festivals, de faire des podcasts et des interviews de monteurs pour faire comprendre les enjeux de notre profession au grand public. »