Heures sup­plé­men­taires, trans­mis­sion des savoirs

Un maître de conférence en sociologie à l’université d’Angers, travaillant sur les métiers de l’audiovisuel en enquêtant par observation et sur le terrain, s’est présenté et a assisté à la réunion.

Nous avons exposé les résultats de l’enquête sur les heures sup­plé­men­taires, réalisée la semaine du 24 octobre 2002. Sur 307 membres, manquent encore 35 réponses. Sur les 272 contactées, 231 ont répondu. Donc, sur cet échantillon de 231 personnes, 133 tra­vaillaient, c’est-à-dire : 57 % (courts métrages non remunérés compris) ; il y avait donc 43 % de chômeurs.

Voici les résultats plus précisément :
95 chef monteurs, 36 assistants et 2 stagiaires tra­vaillaient cette semaine.
33 sur des longs métrages (14 chef monteurs, 3 chef monteurs son, 14 assistants monteurs et 2 stagiaires)
11 sur des courts métrages (dont 1 assistant et 1 monteur son)
29 sur des téléfilms (13 chef monteurs, 6 chef monteurs son, 10 assistants)
40 sur des docu­men­taires (38 chef monteurs et 2 assistants)
4 sur des films ins­ti­tu­tion­nels (3 chef monteurs et 1 assistant)
1 sur de l’actualité
2 sur des publicités
1 sur une bande-​annonce
1 pour un programme du câble
2 forment des monteurs

Ce qui ressort prin­ci­pa­le­ment de l’enquête
Pour les chef monteurs son, soit 11 personnes, il y a eu 52 jours travaillés et 92,5 heures sup­plé­men­taires, soit 22 %, soit près d’une journée et demie de plus par semaine. Pour les autres, en moyenne, presque 1 heure supp. par jour pour les chefs et un peu plus de 1 heure supp. par jour pour les assistants.

Nous émettons une proposition : aller voir les productions membres de l’USPA (signataires de la convention collective), donc par­ti­cu­liè­re­ment les productions de téléfilms, pour demander de rallonger les temps de travail au montage son et au montage des directs de 22 %, ou bien pour réclamer les heures sup­plé­men­taires dues. Sans négliger dans notre demande de signaler l’heure supp. quotidienne de moyenne pour les autres monteurs et assistants.

Un groupe s’est créé pour envoyer une délégation à l’USPA avec les résultats de notre enquête afin de formuler notre demande.

Compte-​rendu de la table ronde/​débat qui s’est tenue au CNC ce mercredi 6 novembre

Cette table ronde se tenait à l’initiative des Monteurs associés, autour du problème de la disparition de l’assistant et du stagiaire de la salle de montage, et également du problème de la formation des futurs monteurs. Étaient présents des asso­cia­tions (dont 8 membres des Monteurs associés), syndicats, producteurs, 1 repré­sen­tant de la Fémis et des repré­sen­tants du CNC, en tout 40 personnes dans une Salle des Fresques bondée.

Le directeur général, M. Kessler, était là pour ouvrir la réunion, précisant que le CNC n’était pas là pour négocier, mais qu’il était bel et bien un lieu de rencontres et de discussions, et également le lieu de délivrance des cartes pro­fes­sion­nelles (et le problème de la formation les intéresse aussi de ce point de vue, puisque pour être assistant, il faut avoir été stagiaire et que pour être chef, il faut avoir été assistant).

D’abord, chacun a pu faire un constat sur la question nous intéressant : disparition des assistants et stagiaires. Des réa­li­sa­teurs ont aussi regretté la disparition des monteurs à la fin du « montage image ». Tout le monde s’est accordé à déplorer un vrai problème de formation pour les générations futures. Certains d’entre nous ont rappelé que l’assistant n’était pas là uniquement pour se former mais qu’il avait d’abord une vraie fonction dans une salle de montage, des taches à accomplir, un film à suivre (et nous avons reparlé du Manifeste 01 édité par l’association). Il est vrai que les producteurs semblaient surtout sensibles au problème de la formation de l’assistant (qui se mélangeait et que certains avaient tendance à confondre — pas tout à fait incons­ciem­ment et innocemment selon nous — avec celle du stagiaire) plutôt qu’à la disparition de la fonction. Un producteur de docu­men­taires se demandait réellement quelle était la place et l’utilité d’un assistant dans une salle, entre le réalisateur et le monteur (étant entendu que « quelqu’un pour numériser » était passé par là). Les producteurs se disent donc inquiets sur ce problème de formation des monteurs car ils constatent chaque jour, au vu des films finis, que la qualité des œuvres dépend aussi de cela. Le travail de l’assistant (à part peut-​être les tâches techniques de début et de fin de montage), son utilité ou non dans la salle, la solution des disques partagés, ça les intéresse beaucoup moins.

Les réa­li­sa­teurs présents savaient, eux, à quoi servent les assistants monteurs…

Après le constat, ont été discutées pro­po­si­tions et solutions

Le CNC va commander une enquête sur le coût de la post-​production, la place du montage, dans différents genres de productions. Le CNC propose également de se réunir à nouveau sur ce sujet, cette fois-​ci avec dis­tri­bu­teurs et diffuseurs.
Les Monteurs associés proposent de réclamer auprès des fabricants de montage par ordinateur la baisse des prix des disques partagés, avec l’appui si possible des producteurs et réa­li­sa­teurs. Nous avons aussi demandé au CNC de mener une étude juridique pour voir s’il était possible d’accorder un bonus au niveau du fonds de soutien pour les longs métrages (et du Cosip, compte de soutien, pour l’audiovisuel) pour les productions qui emploie­raient une équipe de montage complète, sur la totalité du montage.

Certains producteurs présents se sont dits surpris que l’Afdas ne soit pas présente à ce débat sur la formation… Nous avons précisé que nous parlions d’abord de formation initiale (il faut deux années de Congés spectacles pour avoir droit aux stages Afdas) et que de toutes façons, l’Afdas ne pourra jamais offrir un appren­tis­sage du montage (regard, sens, solutions, relations…). Seul l’apprentissage dans une salle de montage, au contact d’un chef monteur, d’un réalisateur, d’un producteur, d’un film en train de se faire (qu’il y ait eu ou non un passage par une école) permet de réellement se former.

L’Afdas, qui offre une formation continue technique, ne suppléera jamais à la formation par l’assistanat. Il nous a semblé que nous avons été mal entendus sur ce point, surtout par certains délégués de producteurs (SPI, UPF…), puisque certains parlaient de se servir des différentes taxes d’apprentissage et de l’Afdas pour former des stagiaires. Même si cela n’a pas été clairement formulé lors de cette réunion, certaines idées émises nous semblent vraiment dangereuses et laissent apparaître une sorte de projet à venir de la part de certains producteurs, idées qui pourraient réap­pa­raître au moment où la commission paritaire (patrons/​syndicats) va se réunir pour réfléchir au problème de la trans­mis­sion et de la formation dans les métiers de l’audiovisuel.

À savoir, récupérer l’argent des taxes diverses pour former des stagiaires : moitié sur un film (début/​fin, à côté du monteur, devenu tuteur), moitié dans un centre de formation (genre cours pour exercer son regard, gnagnagna…). Il faut que nous nous tenions prêts à contrer des projets de ce type. Il nous semble urgent de redéfinir les termes de « stagiaire en convention de stage » (là pour observer un montage, sans salaire, si le réalisateur et le monteur sont d’accord) et de « second assistant monteur » (ex-​stagiaire, qui travaille sous la tutelle de l’assistant monteur, en étant rémunéré, avec de vraies tâches à accomplir). Nous pensons impossible que l’assistant monteur soit remplacé par le second assistant…

Plusieurs membres de l’association ont réagi à ce compte rendu

Il est indis­pen­sable de rendre son outil de travail à l’assistant, maintenant qu’il existe : le deuxième poste avec disques partagés (a-​t-​on jamais remis en question la présence d’une table de synchro dans une salle tra­di­tion­nelle ?). La technique devra se plier à nos besoins et nos demandes. Une salle de montage complète est une salle avec deux postes. Plusieurs pro­po­si­tions : faire jouer la concurrence (type Avid versus Vox populi), réclamer les heures sup­plé­men­taires et décalées qu’engendre la présence d’un seul poste de travail (car tant qu’elles ne seront pas payées, les producteurs ne verront pas l’intérêt de louer un deuxième poste), demander 15 % d’augmentation sur son salaire quand il n’y a pas de 2ème poste pour les désa­gré­ments causés pour le monteur et l’assistant par le travail en horaires décalés (tôt le matin/​tard le soir, la nuit…)

Un groupe s’est formé pour rédiger un modèle de lettre, que nous allons faire co-​signer par des orga­ni­sa­tions de producteurs et/​ou de réa­li­sa­teurs, et que nous enverrons aux fabricants et construc­teurs de montage par ordinateur, afin qu’ils baissent les prix du système de montage à deux postes. Si cela ne marche pas, nous lancerons une pétition, signée par les monteurs.

Proposition solidaire : refus des horaires décalés quand il y a un assistant. Nous allons rédiger un texte collectif péti­tion­naire au nom de l’association (monteurs et assistants) et nous allons l’envoyer aux productions.

Anecdote du jour, relatée par un chef monteur : la production du film qu’il montait a fait appel à un prestataire de services pour le montage des directs plutôt qu’à un assistant. Résultat : montage paroles ni fait ni à faire, et le producteur a été obligé de rajouter des journées d’audi pour enregistrer des postsynchro… Perte de tout : qualité, argent, énergie…

Un monteur a soulevé le problème de la disparition des projections en cours de montage, problème pour les monteurs et réa­li­sa­teurs, mais aussi pour les diffuseurs qui ont un jour ou deux pour se décider sur un montage quasi-​achevé. Ça les rend nerveux…

A été à nouveau abordée la question de la nécessité ou non d’agents pour les monteurs. Un monteur présent a relaté la remarque d’un producteur de l’USPA à ce sujet : la fois où il avait eu à faire avec un agent de technicien, ça a été une réelle prise de tête, et que jamais il ne retra­vaillera avec un technicien qui a un agent.

Autres actualités

Nous avons reçu par courrier une réponse du ministère de l’Éducation nationale à propos de l’histoire de Glem/L’Ile de la tentation. Ils vont nous recevoir, sans doute mercredi 20 novembre. Compte rendu le mois prochain.

Rappel : projection des Monteurs associés le mardi 19 novembre 2002, à 20 h, à la Fémis, salle Jean Renoir : La Réparation (« Je croyais que j’étais mort ») un film d’Hélène Viard.

Les élections pour le renou­vel­le­ment du conseil d’administration (un tiers du conseil doit être renouvelé, soit 8 membres) auront lieu en janvier 2003. La liste des can­di­da­tures est ouverte, une feuille circulera à la prochaine AG.

Prochaine AG le mercredi 4 décembre 2002