Le docu­men­taire se rebiffe

Compte rendu de la réunion du 1er octobre 2008

Tout d’abord les infos :
Le vendredi 17 octobre, projection à 19h30 des films des étudiant-​es de la Femis en section montage. Les membres de l’association sont invités à veni les découvrir.

Les deux prochaines réunions :

  • le 5 novembre : la HD, témoignages ;
  • le 3 décembre : rencontre avec Juliane Lorenz, monteuse de Fassbinder.

Le thème de la soirée : « Le docu­men­taire se rebiffe »

La convention collective de l’audiovisuel

L’ancienne convention collective comportait deux catégories de salaire (M1, M2) dis­cri­mi­nées en fonction du financement de l’objet. Le salaire le plus élevé (M2) s’appliquait non seulement pour les téléfilms (dont les budgets répondent par nature aux critères de financement horaire), mais aussi pour un nombre non négligeable de docu­men­taires. En effet, l’accord de salaire recom­man­dait l’application du M2 pour les docu­men­taires cor­rec­te­ment financés, recom­man­da­tion sur laquelle on pouvait s’appuyer pour négocier son salaire. Cette Convention a été attaquée devant le Conseil d’Etat par un syndicat de salariés. Le Conseil d’Etat a annulé la disposition établissant deux niveaux de salaires au motif de : « à travail égal, salaire égal ».

Une nouvelle convention a été signée en juin 2008. Elle propose une seule grille de salaire, mais, il y a un mais ! On y trouve des chefs-​monteurs, et des chefs-​monteurs spécialisés. Le chef-​monteur est payé au niveau de l’ancien M1, le chef-​monteur spécialisé est rémunéré à l’ancien M2. La même distinction apparaît pour l’assistant-monteur, ainsi d’ailleurs que pour l’ensemble des métiers de techniciens. Pour les fonctions non accom­pa­gnées du terme « spécialisé », une note en bas de page précise : Il n’est pas possible de recourir à cet emploi pour la fiction lourde, carac­té­ri­sée par un niveau de dépenses éligibles supérieur à un seuil fixé annuel­le­ment lors de la négociation des salaires. Pour la période allant du 1er juillet 2008 au 30 juin 2009, ce seuil est fixé à 5 750 euros par minute, ou 345 000 euros pour 60 minutes, seuil du plafond du crédit d’impôt audiovisuel pour la fiction.

En clair, spécialisé signifie : qui travaille sur des fictions lourdes. Cette apparition du terme fiction justifiant une différence de salaire est grave. Le même chef –monteur sera donc « spécialisé » au mois de mai pour le montage d’un téléfilm, mais devient simple chef-​monteur en juillet pour effectuer le montage d’un docu­men­taire !

Cette baisse de salaire est conséquente : 159 euros par semaine soit 159 euros x 4 = 636 Euros par mois ! Elle a été signée par des syndicats de salariés dont on attend plutôt qu’ils militent pour des aug­men­ta­tions de salaire ! De plus par cette signature ils décident et s’arrogent le droit de déqualifier notre métier.

N’oubliez pas que ce sont des salaires minimum, et qu’on peut demander plus (on ne vous renverra pas pour autant).

La décision a été prise de demander une rencontre avec les syndicats de producteurs signataires de cette convention. Alors que de nombreux producteurs clament la haute opinion qu’ils ont du montage et du docu­men­taire (relire nos débats publiés), que le Mois du docu­men­taire approche, nous aimerions entendre de leur bouche ce que signifie cette spé­cia­li­sa­tion.

D’autres idées d’initiative sont les bienvenues.

La place du docu­men­taire à la TV

  • Elle s’amenuise, les docu­men­taires d’auteur sont au mieux diffusés à 23 heures, ou bien voués aux chaînes du câble. Les monteurs présents ont raconté des expériences, donné des exemples pas très positifs !
  • Les docu­men­taires qui récoltent des Prix en festival ne sont pas achetés par les chaînes.
  • Canal + refuse le docu­men­taire proprement dit, qui semble insup­por­table pour eux, et demande que tout soit présenté au début, que des « experts » inter­viennent pour mâcher la réflexion, et éviter les surprises.
  • Les docus ont une vie sur grand écran, mais c’est l’arbre qui cache la forêt, il n’y a pas d’argent pour les produire.
  • Arte a éliminé sa case de pro­gram­ma­tion en soirée La vie en face. Un film commandé pour cette case (avec tout le processus de contrôle et de visionnages successifs par l’unité de programmes) a finalement été diffusé sur Arte TNT, dans l’après-midi, comme pour s’en débarrasser.
  • C’est l’ère du journalisme, à 20 h 50 on annonce un docu­men­taire mais en fait c’est du magazine, du reportage. Le docu­men­taire d’auteur propose des espaces de réflexion et prend position. Le magazine donne le point de vue de chacun, et de façon stan­dar­di­sée.
  • Reconnaissez-​vous votre montage quand le doc passe à l’antenne ? On laisse des temps de pause, de réflexion, mais à l’enregistrement du commentaire ils rajoutent des textes, mettent des cartons parfois, cela change le film.

Conclusion en forme de boutade : on écoute la radio. D’une part, beaucoup de magazines diffusés à l’antenne peuvent être écoutés en faisant autre chose, pas besoin de l’image pour tout saisir. C’est louche pour de la TV, non ? D’autre part, beaucoup d’entre nous avouent préférer écouter une bonne émission de radio, c’est encore un espace de pensée libre.

Rendez-​vous le 5 novembre, pour échanger sur les expériences en HD.