Les monteurs sont-ils des auteurs ?
Cette question n’est pas nouvelle, elle est posée au fil des années par certains d’entre nous. Aussi nous avons décidé de consacrer notre réunion mensuelle à ce thème. Ce questionnement récurrent a sûrement de multiples raisons que nous analyserons ensemble.
L’une d’entre elles est peut-être un besoin de reconnaissance symbolique et matérielle, une réelle prise en compte de la part du montage et de la place du monteur. Revenons dans un premier temps à la définition du montage qui figure dans notre Manifeste 01 : « Le montage est l’étape où à partir des rushes — image et son — s’opère la dernière écriture du film. Ce processus de fabrication est le résultat d’un dialogue, d’une confrontation qui s’effectue étape par étape entre le réalisateur et le monteur autour du film à faire. » Il existe bien d’autres définitions du montage…
Comme tous les autres chefs de poste des métiers du cinéma et de l’audiovisuel, le chef monteur est considéré comme un collaborateur de création.
Quelque soit le genre — fiction, documentaire, magazine — chaque montage est une expérience singulière. On peut procéder de manière différente en fonction de la relation que l’on a établie avec le réalisateur, le journaliste. Toutefois il s’agit toujours de participer à la construction, à l’écriture, à la mise en place d’un récit. Qu’est-ce qui fonde la notion d’auteur ? « Être auteur c’est concrétiser, mettre un forme un concept , une idée. » Cela s’applique à tous les arts, la peinture, la littérature, la musique, etc.
Le peintre est auteur des tableaux qu’il donne à voir, le romancier est auteur d’un texte qu’il a écrit. Dans le cinéma et l’audiovisuel l’auteur-réalisateur écrit un projet de film (documentaire, fiction ou magazine) et il en « réalise » la mise en forme qui se matérialise par les rushes. Et c’est à partir de cette matière c’est-à-dire des plans — image et son — que le monteur va travailler. Ces plans sont le produit d’un imaginaire, d’une pensée.
Mais le réalisateur ne travaille pas seul (il y a des exceptions bien sûr). À chaque étape avant et pendant le tournage nos collègues directeurs de la photo, cadreurs, ingénieurs du son, scriptes, décorateurs, etc. apportent leur savoir-faire, leur talent. Voilà quelques réflexions qui peuvent s’ajouter aux vôtres.
Questionnons nos pratiques professionnelles en les confrontant aux textes (définitions de fonction et textes législatifs) pour nourrir notre débat, nos échanges de vues et de points de vues. Des représentant·e·s du collectif « Les monteurs sont des auteurs » qui réclame la possibilité légale de percevoir des droits d’auteur seront présents.
Mercredi 7 avril 2010, 20 heures
Cafétéria de la Fémis • 6 rue Francoeur • Paris 75018