Liberté de création et droits sociaux

Cette réunion était l’occasion pour Thierry Derocles — chef monteur — de nous proposer son projet de Coopérative nationale de production ciné­ma­to­gra­phique. Un projet qui a déjà 10 ans : la liberté de création sert déjà d’alibi, et les droits sociaux dans le cinéma se dégradent. Beaucoup de producteurs s’engagent sur des films sans en avoir le financement, puis demandent aux salariés d’accepter des salaires à – 50 % (et pire encore). Parmi les vertus de ce système, soulignons la pré­ser­va­tion de la relation légale employeur/​salariés, l’acquittement intégral des prestations sociales, un engagement concret dans la défense de l’exception culturelle.

Idée, financement et fonc­tion­ne­ment de cette coopérative

Regroupement de techniciens, ouvriers et réa­li­sa­teurs.

Un Conseil de sur­veillance (élu par les associés) sous le contrôle du CNC qui examine les projets.

Des finan­ce­ments divers, allant d’une avance rem­bour­sable du CNC aux bénéfices relatifs à la part de copro­duc­tion (et la par­ti­ci­pa­tion symbolique des associés).

Après acceptation du dossier (selon, entre autres, des critères de trans­pa­rence et de conformité avec les régle­men­ta­tions du travail), la coopérative entre alors en copro­duc­tion et prend uniquement en charge le dif­fé­ren­tiel de la masse salariale.

Cette proposition a suscité beaucoup de questions

Est-​ce possible avec le docu­men­taire qui ne génère souvent aucun bénéfice ?

Le producteur ne va-​t-​il pas se sentir dédouané du problème des heures supp. ?

N’est-ce pas trop tard ? Des films se font à – 75 %, et d’autres ne trouvent aucun financement.

Cette coopérative ne nuirait-​elle pas au combat pour l’extension de la convention collective du cinéma ?

Cette coopérative ne risque-​t-​elle pas de masquer les problèmes de fond du cinéma qui ne sont pas que d’ordre financier ?

Les producteurs ne voudront jamais que la coopérative ait la priorité de rem­bour­se­ment.

Les réa­li­sa­teurs veulent-​ils se poser le problème du financement de leur film ?

La dis­tri­bu­tion reste le vrai problème. Il n’y a plus de variété possible dans les salles.

Comment être sûr que le producteur a tout essayé pour trouver de l’argent ?

On n’a pas envie de défendre tous les films ! La sélection des projets ne peut-​elle pas se faire en fonction d’une ligne éditoriale ? 

C’est une bonne idée, surtout pour le docu­men­taire. Il y a un dispositif à trouver qui dise aux producteurs : « vous ne pourrez pas gagner d’argent tant que vous n’aurez pas payé les salaires ».

Cette proposition est inté­res­sante pour rompre la solitude des réa­li­sa­teurs mais n’est-ce pas encore un nouveau guichet ? Ça paraît difficile à obtenir.

À la place de la coopérative, pourquoi les techniciens ne demandent-​ils pas un accord de copro­duc­tion ou de par­ti­ci­pa­tion ? Puis une coopérative gérerait leurs intérêts ?

Il faut remettre en question le calcul du COSIP car plus la chaîne met d’argent sur un film, plus le COSIP en met lui aussi, c’est une prime au formatage.

La région IDF a débloqué 1 400 000 € pour aider environ 25 films, n’oublions pas cette ressource, et demandons la même chose à toutes les régions !