Monteur(euse)s hors frontière

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Les 12e rencontres de la CST « L’art du son, du mixage à la diffusion » ont eu lieu le 6 octobre dernier. Plusieurs exemples de son en multicanal ont été exposés, que ce soit en long métrage, téléfilm, ou animation. Une nouveauté : le recours à un sound designer sur une série de téléfilms, suite à la demande du monteur qui voulait donner plus de « cohérence » à la succession des séquences. On a pu écouter le mixage avec ou sans sound design et apprécier selon son goût… Les diffuseurs, eux, envisagent tous la diffusion multicanal (5.1 entre autres). Un seul l’utilise déjà (NRJ 12 sur la TNT) et était très fier de dire que son rôle de précurseur était reconnu puisque maintenant même les annonceurs publi­ci­taires lui four­nis­saient des masters en 5.1. On n’arrête pas le progrès ! Pour « remplir les futurs tuyaux », les chaînes doivent dès à présent produire en multicanal. C’est ainsi qu’un responsable de la diffusion sur M6 s’étant aperçu que les temps de montage et de mixage avaient explosé, il propose non pas de les allonger, mais de « les optimiser »… Que veut-​il dire ?

Le SATIS envahi par la HD (Haute définition) : Les monteurs qui s’y sont rendus étaient surtout intéressés par les systèmes en réseaux mais les stands étaient orientés HD. Ce sujet est sur toutes les lèvres… Pour nous, qu’est-ce que cela change ? Pas encore grand-​chose car peu de systèmes sont capables de réellement travailler en HD natif. Lors d’une journée du Groupe 25 images consacrée à la HD, un chef opérateur faisait remarquer qu’actuellement, le matériel HD est loué très peu cher aux productions, mais lorsque ce format sera répandu, les vrais prix refroi­di­ront peut-​être les productions.

Un point d’actualité sur le statut du stagiaire : Le 1er novembre a eu lieu une mani­fes­ta­tion de stagiaires (tous secteurs confondus) réclamant une régle­men­ta­tion de leur statut face au grand n’importe quoi auquel ils sont confrontés. Ce mouvement generation-​precaire constitue une force de proposition — par exemple instaurer une limitation du nombre de stagiaires basée sur le chiffre d’affaire de l’entreprise. Ce que nous ressentons dans nos métiers, nos inquiétudes face aux stagiaires sans rému­né­ra­tion qui travaillent dans les salles de montage, se retrouve donc à tous niveaux, c’est endémique au monde du travail aujourd’hui. Le stagiaire est désormais ins­ti­tu­tion­na­lisé à tel point qu’il est aussi capable de s’organiser… Notre association va jeter un sérieux coup d’œil à ce mouvement. 

Actualité de l’association : Le cycle des projections reprend le mardi 6 décembre 2005 à 20 h avec la projection de travaux d’élèves de la Fémis.

Témoignages et expériences : Lise Beaulieu lance un appel pour récupérer des témoignages et expériences de travail avec partage de disques sur les « petits » logiciels, type FCP et Xpress, afin de lister les écueils, le matériel minimal et de créer ainsi une base de données.

Le débat du mois : monteur(euse)s hors frontière 

En Angleterre, dans le secteur du long métrage bien « doté », l’assistant est présent du 1er jour de tournage au mixage inclus ; il y a souvent des confor­ma­tions en 35 mm avec un autre assistant monteur, mais par contre peu de stagiaires. Des journées de 10 h, et contrai­re­ment aux Etats-​unis, les heures sup­plé­men­taires ne sont pas payées. Le salaire heb­do­ma­daire pour l’assistant est d’environ 1 500 € auquel est soustrait 20 % d’impôt à la source. Aucune assurance chômage, ni congés payés, ni sécurité sociale pour tous. Agent ou agence ? Les deux modes existent en Angleterre : soit le monteur a un agent qui lui trouve des contrats, sert d’intermédiaire avec les productions et aussi de médiateur face aux problèmes pendant le montage ; soit le chef monteur possède son « agence » et emploie lui-​même des assistants sous contrat ou en freelance ; les assistants se chargent alors aussi de la maintenance technique. Il existe 3 grands studios de montage aux nombreuses salles, mais une tendance apparaît, celle de louer des lofts le temps du montage et d’y installer des machines. Seuls les grands téléfilms ont des budgets conséquents et les conditions de travail sont correctes. Les chaînes de télévision ne sous-​traitent pas sys­té­ma­ti­que­ment avec des productions comme en France. Elles ont des structures adaptées. Par contre, pas de syndicat ni de collectif de monteurs.

Aux États-​Unis, les salaires varient selon plusieurs critères, notamment le budget du film. Ils sont en effet établis selon une grille : budgets en-​dessous d’un million, entre 1 M et 3 M, 3 M et 6 M, etc.), la loca­li­sa­tion (côte Est ou Ouest), et selon si c’est une major ou une société indé­pen­dante qui produit. Le syndicat de monteurs est très puissant.

En Australie, les sociétés américaines tournent beaucoup (les salaires sont moins élevés…). Une clause assez singulière figure sur les contrats de techniciens : après plusieurs pages de droit australien, un dernier article annonce que c’est le droit américain qui s’applique (en particulier la possibilité de licencier sans payer le contrat jusqu’à son terme).

En Belgique, pour les techniciens et artistes, il existe un statut d’artiste, très difficile à obtenir et finan­ciè­re­ment très bas, mais « valable » à vie. Pour les monteurs il n’existe pas de salaires obli­ga­toires, ni de convention collective. Les tarifs pratiqués sont assez bas, ce qui explique que les productions françaises (en co-​prod. avec la Belgique) fassent souvent appel à des monteurs belges plutôt qu’à des monteurs français, mal­heu­reu­se­ment sans leur proposer les salaires français…

En Suisse, beaucoup de monteurs ont un cursus de technicien voir de vendeur de matériel audiovisuel, ils arrivent au montage en créant leur entreprise d’audiovisuel. Un effet secondaire est l’absence de maintenance, car c’est le monteur qui s’en charge… Attention donc si vous avez l’occasion de travailler chez les Helvètes.

Prochaine réunion mercredi 7 décembre 2005, à 20 h à la Femis